La culture des clématites en Saxe

FasssadenGrün vend des plantes grimpantes et des plantes volubiles cultivées par la pépinière Sachs de Radebeul / Saxe. Plusieurs clématites de renommée internationale sont issues de cette pépinière. Une interview nous a été accordée par M. Sachs et Mme. Tolksdorf.

Depuis la gauche: M. Taraba de FassadenGrün, Mme. Tolksdorf et M. Sachs / Pépinière Sachs
Depuis la gauche: M. Taraba de FassadenGrün, Mme. Tolksdorf et M. Sachs / Pépinière Sachs

M. Sachs, vous avez multiplié rosiers et pêchers à l’époque de la RDA puis êtes passé aux plantes grimpantes en 1993. Où sont vendues vos plantes ?

M. Sachs : Nous vendons dans notre jardinerie et lors de foires, et approvisionnons plusieurs grossistes et jardineries. Vous pourrez trouver les infos concernant la vente en ligne sur notre site internet.

 

Vous travaillez depuis des années sur des nouveaux hybrides de clématites – mais il en existe déjà des milliers – qu’est qui vous motive à en créer d’autres ?

M. Sachs : Je suis membre de la « société internationale de la clématite » et j’ai parcouru la moitié du monde en observant les clématites que j’y ai trouvé. Ce thème est fascinant et je me suis souvent dit qu’en matière de culture il était encore possible d’aller plus loin dans un sens ou dans l’autre. Puis on essaye, il y a quand même de l’ambition en jeu. La percée est arrivée à la Bundesgartenschau (exposition nationale d’horticulture en Allemagne) en 2005 à Munich, lors de laquelle nous avons obtenu l’une des médailles tant convoitées pour nos nouvelles sortes, et la demande a suivi immédiatement. Nous devions livrer des milliers des plantes et avons peiné à suivre la ruée sur nos clématites !

 

Mais en fait, comment se déroule la création d’une nouvelle clématite ? Les objectifs peuvent-ils être formulés et mesurés ?

 

M. Sachs : Le point de départ est toujours une espèce existante dont on souhaite travailler la culture et à laquelle on retire le pollen pour en faire une « plante mère ». On applique ensuite au pinceau le pollen d’une autre clématite (la plante mâle).

Mme. Tolksdorf : …on peut aussi agir de manière moins ciblée en laissant faire la nature et en exposant la plante mère sans pollen au voisinage d’autres clématites, le pollen va lui parvenir par les airs ou les abeilles…

M. Sachs : … Oui, on connait ça de la vraie vie, la paternité n’est parfois pas toujours claire !

Mme. Tolksdorf : La plante mère développe ensuite les graines qui sont semées beaucoup vont prendre. Après deux années, les plantules sont triées selon leur développement. Les plus faibles finissent dans le compost, les plus vigoureuses continuent de croitre. Les plantes qui se montrent susceptibles aux maladies sont également éliminées. Un an plus tard, les plantes restantes fleurissent pour la première fois ; c’est alors la troisième phase de la sélection, cette fois liée à la question : Qu’est-ce qui est intéressant et nouveau ? Y-a-t ’il quelque chose de complètement nouveau pour les hybrides de clématites ? Par exemple la clématite jaune, espérée par tous les cultivateurs de clématites ? Seules les plantes exceptionnelles sont gardées, les autres sont compostées, tout comme celles à seulement 4 pétales au lieu de 6 ou 8, dont la fleur est donc moins pleine et ronde…

M. Sachs : Nous avons gardé une plante parce que ma petite-fille le souhaitait, nous lui avons même donné un nom. Parfois il n’y a que de l’inutilisable et tout finit sur le compost, le travail était vain… Les clématites sélectionnées sont observées pendant des années : la couleur des fleurs est-elle constante ou changeante au fil du temps ? C’est un critère d’exclusion. Les plantes sont-elles sujettes au mildiou ? Il est important que les nouvelles sortes soient adaptées pour la culture en pot, que les fleurs se développent également sur le bas de la plante et non pas seulement au bout de pousses situées loin au-delà de la taille à laquelle elle la clématite sera cultivée. C’est au bout d’une dizaine d’années de tests des fleurs et de la floraison que la nouvelle espèce est présentée et enregistrée en Angleterre.

 

Cela sonne comme beaucoup de travail et peu de repos. Pouvez-vous confirmer ?

M. Sachs : C’est vrai, nous avons peu de temps libre dans la jardinerie. C’est pourquoi la culture de nouvelles sortes est une activité secondaire pour nous. Mais c’est toujours passionnant de voir des sortes nouvelles de clématites.

 

Le climat saxon est rude, qu’en pensent les clématites ?

Frau Tolksdorf : Les clématites préfèrent bien entendu les climats plus doux, comme celui de la mer baltique en Allemagne. Mais les plantes qui ont passé la sélection ici ont l’avantage d’être particulièrement rustiques.

 

A part vous, qui produit encore des nouvelles clématites en Allemagne ?

Herr Sachs : Avec la firme Westphal nous sommes les seuls. En Angleterre, en Hollande et en Estonie il se passe beaucoup plus de choses.

 

 

Il est connu que les jardineries vendent souvent les rosiers et les plants de vigne sous des noms fantaisistes. Elles s’appellent alors « Rosier Paradis », « Vigne jaune » ou autre, pour en cacher l’origine. Est-ce possible pour vos clématites ? Un client peut-il acheter une clématite de Sachs et ne pas en découvrir le véritable nom ?

M. Sachs : Oui c’est possible si elle n’a pas été achetée directement chez nous. Nous sommes d’autant plus heureux lorsque les revendeurs indiquent le nom et l’origine de leurs clématites !

 

Vous multipliez en plus de vos propres créations de nombreuses autres clématites et de plantes grimpantes. Qu’en est-il de la terre végétale, alors que la tourbe se fait rare et que son utilisation est discutable?

M. Sachs : Cela nous concerne peu puisque nous produisons notre propre terreau – avec du compost et le moins possible de tourbe ! La terre végétale est traitée à la vapeur pour tuer les graines des mauvaises herbes, c’est un cycle.

 

Comment vos clients se décident pour une clématite ?

Mme. Tolksdorf : C’est très différent. Beaucoup se font conseiller, certains voient une certaine fleur et veulent avoir la plante. Certains veulent une clématite miracle : grande, plusieurs couleurs, floraison longue, vigoureuse et persistante – ce qui est une illusion. Certains sont réticent à la tailler leur clématite – dans ce cas nous recommandons nos clématites faciles à entretenir.

 

Est-ce qu’on peut parler d’une nouvelle tendance ?

M. Sachs : Oui, les espèces à petites fleurs sont de plus en plus convoitées à côté des hybrides de clématites. Pour les façades ensoleillées et chauffées par le soleil les hybrides à grandes fleurs ne sont pas à l’aise. Les clématites buissonnantes se marient très bien aux rosiers qui ont tendance à se dégarnir à leur base !

 

M. Sachs, vous avez 77 ans – quel avenir voyez-vous pour votre entreprise ?

M. Sachs : Le marché des petites jardineries est difficile et ne s’améliore pas. Nous restons une entreprise familiale – j’ai transmis le flambeau mais participe encore dans l’entreprise.

 

FassadenGrün vous remercie pour vos réponses.